PARCERE SUBJECTIS ET DEBELLARE SUPERBOS
Épargner les faibles, abattre les superbes

Il faisait plutôt froid, ce jour là, dans la salle commune des Serpentard. Une journée assez ordinaire où les élèves étudiaient ou s'amusaient, tout dépendaient de leur année. Oui, les plus jeunes n'avaient pas l'angoisse des BUSES ou des ASPICS et profitaient de leur temps libre comme bon leur semblait. Aspen était quand à elle assise sur un lourd fauteuil de la pièce et tenait un énorme livre devant son visage. Mais les apparences étaient trompeuses, une fois encore. Car la jeune verte et argent n'étudiait pas, bien au contraire. Elle se dissimulait pour pouvoir échapper aux griffes d'une garçon particulièrement collant de septième année. Il la suivait partout depuis maintenant quelques jours, et même si la belle ne s'était pas gênée pour lui dire le fond de ses pensées, l'idiot persistait et devenait de plus en plus collant. A croire qu'il n'allait pas tarder à se transformer en tube de colle. La brune tenta un coup d'oeil par dessus le livre et replongea tout de suite lorsqu'elle se rendit compte qu'il était toujours présent dans la pièce.

La Maraudeuse pesta contre cet énergumène qu'il l'empêchait de bouger. Surtout qu'elle avait un rendez vous avec son amie Berlioz dans moins de dix minutes. Comment allait-elle pouvoir s'échapper de la salle commune et se rendre au lieu de rendez vous, au sixième étage, si il n'arrêtait pas de la suivre ? Aspen jeta un coup d'œil à la grande horloge et s'aperçut effarée que les aiguilles avaient changer de place. Il n lui restait plus que cinq minutes et il était toujours là. Mais qu'avait-elle fait au bon dieu pour subir de telles tortures ? D'accord elle n'était pas vraiment parfaite mais pour subir ça quand même ! La brune soupira et prit son courage à deux mains. En un temps record elle parvint à refermer son livre, se lever, se diriger vers la porte et sortir dans le couloir. Malheureusement pour elle, tandis qu'elle était au beau milieu du couloir, elle entendit la porte s'ouvrir derrière elle. Elle n'eut pas besoin de se retourner pour savoir de qui il s'agissait. Une voix masculine cria son prénom et commença à lui débiter des anneries. Aussitôt, la brune prit ses jambes à son cou et se précipita vers les escaliers. Ses pas résonnaient contre le marbre et elle entendait ceux de son poursuivant se rapprocher.

Les élèves présents dans les couloirs et escaliers se poussaient en voyant arriver la jeune brune et celle ci parvint bientôt au sixième étage, même pas essoufflée. Elle avait l'habitude d'être poursuivie, par des Inquisiteurs ou autre. Elle continua donc sa course jusqu'à une salle. Mais elle se stoppa brusquement. La salle du rendez vous avec Berlioz était libre pour tous et tout le monde pouvait entrer et sortir à son aise. Aussi, son assaillant n'allait pas hésiter une seconde et allait surement gâcher son entretien avec son amie. Aussi, le verte et argent se dirigea vers une autre salle, beaucoup moins attrayante. Elle l'ouvrit précipitamment afin que le garçon ne la voit pas et s'engouffra telle une tornade dans la pièce. Immédiatement, une sensation horrible de froid s'empara d'elle et ses yeux durent s'habituer à l'obscurité ambiante. Une forte odeur de moisi régnait et elle pouvait même entendre quelques gouttes d'eau tomber. La pièce avait l'apparence d'un cachot, au plein milieu du sixième étage. La salle commune des fantômes, ou plutôt l'antre des fantômes. Très peu visité par des élèves normaux, elle était pourtant devenue un passage obligatoire pour la jeune Aspen. Dès qu'elle préparait un mauvais tour, elle savait que personne ne viendrait dans cette pièce. Et puis, la présence des fantômes de la dérangeait jamais.

Mais aujourd'hui, aucun fantôme n'était présent dans la salle. Aussi elle respira un bon coup et entrouvrit la porte dans l'espoir d'apercevoir Berlioz et de l'intercepter. Elle ne vit aucune trace de son assaillant et pensa qu'il était rentré dans une des nombreuses salles. Pourtant, elle n'ouvrit pas la porte en plus grand au cas où son flair lui avait menti. Elle attendit quelques instant, appuyé sur le mur, l'œil regardant à travers la petite ouverture. Puis elle l'aperçut enfin. Berlioz qui se dirigeait vers la salle de rendez vous d'origine. Alors Aspen chuchota son nom. Enfin, au début. Car la Serdaigle continua son chemin. Alors la jeune verte et argent appela son amie d'une voix beaucoup plus forte. Et lorsque celle ci se retourna, elle ouvrit la porte en plus grand et lui fit signe de venir vite. Puis elle respira et attendit que son amie passe le seuil de la porte.

Berlioz ne supportait plus d'être enfermée ainsi dans sa salle commune avec rien d'autre à faire que de se tourner les pouces. Cela faisait à présent près d'un mois complet que la sentence d'Ombrage était tombée. Aucun Serdaigle ne pourrait avoir accès à la bibliothèque tant que les notes des Gryffondor ne se seraient pas améliorée. Elle commençait à désespérer de voir un changement survenir à la situation. Les cours particuliers qu'elle donnait à Nelio ne semblaient pas avoir plus d'effet qu'une goutte d'eau sur un incendie. Non elle avait beau tout tenté pour le passionner, pour faire entrer quelque chose dans sa tête vide, ses résultats restaient toujours aussi lamentables. Et Lioz commençait à se demander comment parvenir au bout de sa tâche avant d'avoir perdu complètement patience et commis un meurtre. Elle qui était de nature calme commençait à devenir folle devant autant de mauvaise volonté.

C'était aussi pour ça qu'elle s'était tournée vers ses seules alliées devant tant d'injustice : les Maraudeuses. Ces dernières étaient parvenues à lui faire passer en douce de quoi à assouvir son envie de bouquiner mais allez savoir comment ceux-ci finissaient toujours par lui être confisqués. Et bien sûr, le résultat était des heures de colle à n'en plus finir. Pourquoi Ombrage se serait-elle gênée d'ennuyer cette chère Sadoko. Ben oui, c'était son surnom et la veille chouette semblait avoir complètement oublié le vrai nom de la maraudeuse. A force de tant de privation, Bee avait manigancé tout un tas de mauvais coups pour pousser la harpie à s'arracher les cheveux de la tête mais le résultat tardait à se manifester au grand désarroi de Lio.

A force de rester à rien faire dans le divan, la jeune femme avait des fourmis dans les jambes et quoi de mieux pour se changer les idées? Elle se mit debout et se dirigea vers la fenêtre. Le temps au dehors ne lui permettait pas d'aller se promener car bien sûr comme chaque fois qu'elle avait le moral un peu bas, il pleuvait à verse. Elle vérifia qu'aucun élève était dans les parages et enjamba le rebord de la fenêtre. Elle s'y cala tant bien que mal, beaucoup aurait manqué tomber mais pas elle avec son habitude. Elle regarda devant elle un bon moment avant de prendre quelque chose dans son sac. Elle en sortit une cigarette qu'elle alluma. Elle regarda la fumée s'envoler et attendit que le temps passe. Il lui restait encore un peu de temps à tuer avant qu'elle ne retrouve Aspen.

La demoiselle farfouilla encore quelques secondes dans son sac et en ressortit un calepin noir. Elle prit son bic et en suçota le bout un moment. Elle finit par y griffonner des mots qui ne semblaient avoir aucun sens. Des mots latins, des noms de plante, des phrases sans queue ni tête bref un vrai charabia pour tous ceux qui ne s'y connaissaient pas. Berlioz était simplement en train de réfléchir à la potion anti-gueule de bois que lui avait demandé Sorrow. Elle avait du mal à comprendre pourquoi elle n'y parvenait pas. Un détail semblait lui échapper mais lequel? Tout à coup un éclair illumina son visage et elle inscrivit une dernière phrase en grand. Bien sûre, tout aussi incompréhensible que les autres, cette phrase avait un sens pour ceux qui savaient décoder. Elle alluma une dernière cigarette qu'elle fuma à son aise avant de retourner à l'intérieur. Elle ferma la fenêtre, se mit un peu de parfum, prit un chewingum avant de filer au rendez-vous. Toute trace de son méfait était maintenant invisible. Elle sourit fière d'elle et quitta la salle commune.

Une fois dans le couloir, Bee mit son cerveau en stand-by et laissa ses pieds la guider dans l'école. Ils connaissaient le chemin par cœur à force de le faire. Son esprit se mit à vagabonder et elle imagina des tas de paysages plus merveilleux les uns que les autres et tous plus surprenants. Le point commun entre tous ceux-ci? Rien excepté qu'ils étaient loin d'ici, loin de la sorcière et qu'elle y était avec les Maraudeuses. Durant de nombreuses minutes, elle s'imagina l'avenir et elle fut ramenée sur la terre ferme par une voix qui l'appelait. Elle tourna la tête dans tous les sens et aperçut Aspen. Elle fronça les sourcils, se demandant pourquoi ce changement de lieu de rendez-vous mais se hâta néanmoins de la rejoindre. Une fois à l'abri, elle lui claqua une bise sur la joue et lui demanda curieuse :

-Tu avais un admirateur à ta poursuite que tu t'es cachée ici???

L'humour perçait dans la voix de Lioz et elle ne se doutait pas à quel point elle avait raison...